19

— La maison d’Arausio ? Vous n’en êtes pas loin. Tournez dans cette rue à gauche. Au bout d’un moment, vous verrez une maison avec une porte bleue. Descendez la ruelle qui la longe, et vous vous trouverez dans la rue des Mouettes, ainsi nommée à cause d’une vieille folle qui donnait du poisson à ces sales bêtes. Certains jours, quand j’étais petite, il y en avait tant qu’on ne pouvait passer. A droite, la me monte. Vous trouverez la maison d’Arausio au sommet de la petite colline. De la maison, on doit avoir une vue superbe sur le port…

La personne qui nous renseignait était une jeune femme pâle et mince, qui parlait grec avec un accent aussi prononcé que le mien, bien que ce fût un accent gaulois et non latin. Ses cheveux blonds tirés en arrière dégageaient son visage hâve ; ils étaient retenus sur sa nuque par une lanière de cuir et retombaient tout emmêlés dans son dos. Elle n’avait pas de bijoux, mais sur ses doigts, on pouvait voir les traces des bagues qu’elle portait habituellement. Avait-elle été obligée de les vendre pour avoir de l’argent, ou avait-elle peur de les porter en public ? Elle semblait heureuse d’avoir quelqu’un à qui parler, même s’il s’agissait de deux inconnus qui demandaient leur chemin.

— Ces mouettes ! Je me rappelle avoir aidé ma mère à rapporter chez nous des provisions du marché dans un panier semblable à celui que j’ai aujourd’hui. Un jour, nous avons pris cette rue, et c’a été une grave erreur, car les mouettes nous ont attaquées. Elles se sont précipitées sur moi et m’ont fait tomber, elles ont volé tout ce qu’elles voulaient dans mon panier, et ont éparpillé le reste dans la rue. Mon panier devait être rempli d’olives, de câpres, de galettes et de beaucoup d’autres choses ; mais, bien sûr, c’est le poisson qui les avait attirées…

Je jetai un coup d’œil au panier en osier. Un motif gaulois en dessinait le tour, l’anse était en cuir. Aucune mouette ne l’attaquerait aujourd’hui pour s’emparer de son contenu : il était vide.

— Tu as dit de prendre cette rue à gauche ? Merci.

Je fis signe à Davus d’avancer. Une lueur de folie brillait dans le regard de la femme.

— Tu vois, Davus ? Je t’ai dit que ce ne serait pas difficile de trouver la maison d’Arausio. Il suffit de demander aux gens du quartier.

— Oui. Tu n’arrêtes pas de demander, et on n’arrête pas de tourner en rond.

— C’est à cause de ces rues tortueuses ; on s’y perd. Crois-tu que c’est la maison à la porte bleue ?

— Elle n’est pas bleue, elle est verte.

— Tu crois ?

Davus était exaspéré, et il y avait de quoi, pensai-je, mais sans doute une autre raison expliquait son attitude.

— Peut-être est-ce à eux que nous devrions demander le chemin, dit-il.

— À qui ?

— À ces deux types qui nous filent.

Je résistai à l’envie de regarder derrière moi.

— Les deux que nous avons vus l’autre jour ?

— Oui. J’ai cru les apercevoir peu de temps après que nous sommes partis de chez le premier magistrat suprême. Or, je viens de les revoir. Ça ne peut pas être une coïncidence.

— À moins que deux autres étrangers perdus ne tournent en rond dans les rues de Massilia à la recherche de la maison d’Arausio. Mais qui a pu les envoyer ? Qui veut nous filer ? Sûrement pas Apollonidès. Nous avons dormi sous son toit la nuit dernière. S’il voulait nous surveiller, il nous aurait enfermés à clef. Si nous sommes dans les rues aujourd’hui, c’est qu’il nous a oubliés. Il se moque pas mal de nous.

— À moins qu’il ne nous ait intentionnellement laissés sortir de chez lui et qu’il ait envoyé ces hommes pour voir où nous irions, suggéra Davus.

— Pourquoi ferait-il cela ?

— Peut-être sait-il ce que nous mijotons.

— Mais, Davus, même moi je n’en suis pas certain.

— Bien sûr que si. Nous avons vu le gendre d’Apollonidès assassiner une femme innocente, et tu essaies de le prouver. Les choses vont assez mal pour Apollonidès en ce moment. Il n’a pas besoin que le scandale d’un meurtre ternisse la réputation de sa maisonnée.

— Tu supposes qu’il sait que Zénon a tué Rindel…

— Peut-être a-t-il mis Zénon face à ses responsabilités. Peut-être Zénon lui a-t-il avoué le crime !

— Et tu supposes qu’Apollonidès sait que je m’intéresse à l’affaire.

— Tu en as été témoin. Tu lui as signalé ce que tu as vu. Et s’il a fait surveiller la maison du bouc émissaire, il sait que tu as reçu la visite d’Arausio. Pour quelle autre raison le père de Rindel serait-il venu, sinon pour s’informer sur le meurtre de sa fille ?

— À supposer que tu aies raison, alors pourquoi Apollonidès ne me met-il pas sous les verrous ? Ou ne me tranche-t-il pas la tête pour se débarrasser de moi ?

— Parce qu’il veut découvrir qui d’autre que toi soupçonne la vérité, pour lui régler son compte aussi. Apollonidès n’est peut-être que du menu fretin comparé à des requins comme Pompée et César, mais il nage dans les mêmes eaux troubles. C’est un politicien, tout comme eux, et son esprit fonctionne exactement comme le leur : toujours en train d’intriguer, d’essayer de deviner ce qui va se passer, de chercher des moyens de tourner la situation à son avantage. Cela me donne la migraine de penser à des hommes de cet acabit.

— D’après toi, je suis un chien qui croit fureter çà et là comme bon lui semble, alors qu’Apollonidès me tient au bout d’une longue laisse, dis-je en me renfrognant.

— C’est à peu près ça, répliqua Davus.

— Dis-moi, Davus, vois-tu encore les deux hommes qui nous suivent ?

— Non, répondit-il après avoir jeté un coup d’œil discret par-dessus son épaule.

— Bien. Ce doit être la maison à la porte bleue et la ruelle sur laquelle elle donne. Si nous sommes assez rapides, nous pouvons les semer.

 

Davus fit le guet pendant que je frappai à la porte.

Arausio lui-même ouvrit. Méto m’avait expliqué un jour que c’était la coutume chez certaines tribus gauloises, respectueuses des anciennes lois de l’hospitalité, que le chef de famille, et non un esclave, accueille les visiteurs. Arausio avait la mine défaite et était fort pâle. Cela faisait seulement deux jours que je l’avais vu chez le bouc émissaire ; depuis, il semblait avoir perdu toute étincelle de vie. L’épreuve du siège que Trébonius imposait à Massilia, ajoutée à sa tragédie personnelle, lui avait mis les nerfs à bout.

Quand il me reconnut, son visage s’éclaira un instant.

— Gordianus ! Je me demandais si tu étais encore vivant ! On dit que la maison du bouc émissaire est réduite en cendres. Tu aurais pu…

— Je vais parfaitement bien. J’ai de la chance d’être en vie.

— Et tu es venu… m’apporter des nouvelles ? Au sujet de Rindel ?

— Pas de nouvelles ; pas encore. J’étais seulement venu te poser des questions.

La lueur qui brillait dans ses yeux disparut.

— Entre, alors.

C’était une maison soigneusement entretenue, avec des objets de valeur qui témoignaient de la réussite de son propriétaire : une collection de bols en argent exposés dans un angle, et quelques statues grecques placées sur des piédestaux. Arausio était un homme plus raffiné que je ne l’aurais cru.

Il nous conduisit dans une pièce où une femme était assise devant un métier à tisser ; je n’en avais jamais vu de semblable, et le style du vêtement qu’elle tissait était nouveau pour moi. De toute évidence, je connaissais fort peu de chose sur les Gaulois. Méto avait passé des années parmi eux, il avait participé aux conquêtes de César, appris les différentes langues et coutumes de ces peuples, pourtant nous avions rarement abordé ces questions. Pourquoi n’avais-je pas été plus curieux ? Il avait toujours été pressé, et moi aussi. Maintenant, c’était trop tard.

La femme s’arrêta de travailler et leva son regard vers moi. Je fus stupéfait. Elle était belle, avec des yeux bleus, perçants. Ses cheveux blonds, tressés comme des cordelettes de fils d’or étaient pareils à ceux que m’avait décrits Arausio. Était-il possible que Rindel fut de retour ? Non, Arausio avait été impatient d’en avoir des nouvelles, et son humeur aurait été tout à fait différente si sa fille était rentrée.

La femme n’était donc pas Rindel, mais sa mère. En voyant les joues rouges d’Arausio et sa moustache tombante, je n’avais guère pu imaginer la beauté qui avait séduit un jeune homme comme Zénon. Mais si Rindel ressemblait à sa mère, je comprenais aisément qu’on pût tomber amoureux de la jeune fille.

— Voici ma femme, dit Arausio. Elle s’appelle aussi Rindel ; nous avons donné à notre fille le nom de sa mère. Cela mène à toutes sortes de confusions, dit-il en esquissant un sourire, car elles se ressemblent beaucoup, et ma femme paraît deux fois plus jeune que son âge. Parfois, on les prend pour deux sœurs. On croit que je suis un vieillard qui fait admirer ses deux jolies filles.

Sa voix s’étrangla dans sa gorge.

La femme se leva et nous salua d’un léger signe de tête. Elle avait les lèvres pincées et la mâchoire contractée. Soudain, ses yeux se remplirent de larmes.

— Mon mari dit que vous pouvez nous aider.

— Peut-être, si c’est vous aider que de découvrir la vérité.

— Nous voulons savoir ce qu’il est advenu de Rindel. Nous en avons besoin.

— Je comprends.

— Mon mari dit que vous l’avez peut-être vue… à la fin.

— Nous avons aperçu une femme sur le Rocher du sacrifice. Comment était habillée votre fille la dernière fois que vous l’avez vue ?

— Arausio m’a parlé de votre entrevue, j’y ai donc réfléchi et j’ai examiné ses vêtements. Je ne suis pas tout à fait sûre, mais je crois qu’elle portait une tunique jaune toute simple ; pas sa plus belle, mais une tunique presque neuve.

— Et un manteau ? Avec une capuche ?

— Je ne crois pas.

— La femme que nous avons vue portait un manteau à capuche de couleur sombre, peut-être vert…

— Plus bleu que vert, intervint Davus.

— Rindel a un manteau semblable, dit la femme, je dirais gris-vert. Mais je suis presque sûre… Attendez un peu.

Elle quitta la pièce un instant et revint, un manteau sur les bras.

— Le voici. Je l’ai trouvé parmi ses vêtements. Elle n’a pas pu le porter…

Elle baissa les yeux brièvement.

— Si la femme que vous avez vue portait un manteau comme celui-là, peut-être n’était-ce pas Rindel que vous avez aperçue !

Arausio prit la main de sa femme et la serra, mais quand elle essaya de le regarder dans les yeux, il tira sur sa moustache et détourna le visage.

— Chérie, ne te berce pas d’illusions. Nous savons tous les deux ce qui est arrivé. Inutile de…

— Peut-être que ceci sera plus probant, dis-je en sortant la bague avec la pierre céleste.

Tous deux la scrutèrent avec curiosité, mais ne firent aucun commentaire.

— Appartenait-elle à votre fille ?

— Je ne lui ai jamais offert de bague comme celle-là, affirma Arausio.

— Les bagues que l’on donne à une jolie jeune femme ne sont pas toutes des cadeaux de son père.

Cette insinuation le troubla.

— Je ne l’ai jamais vue la porter.

— Moi non plus, dit sa femme en secouant la tête.

Elle semblait fascinée par la pierre qu’elle ne pouvait quitter des yeux.

— Pourquoi nous la montres-tu ? D’où vient-elle ?

— On l’a trouvée hier au sommet du Rocher du sacrifice.

Pendant un instant, Arausio eut l’air interdit, puis son visage se crispa sous l’effet de la rage.

— C’est lui qui la lui a donnée ! Le fourbe ! Il croyait pouvoir la, calmer, la flatter, acheter son silence avec une bague ! Écœurée, elle a dû la jeter par terre. Et c’est alors qu’il…

Sa femme mit un poing sur ses lèvres et sanglota. Elle semblait hésiter entre la colère et le chagrin.

 

Je n’étais pas pressé de rentrer chez Apollonidès. Nous errâmes dans la cité.

— Qu’en penses-tu, Davus ? Si ce n’était pas Rindel sur le Rocher du sacrifice, alors ce n’était peut-être pas Zénon non plus.

— Oh ! non, c’était bien Zénon. Et Rindel.

— Et le manteau qu’elle portait ?

— Peut-être possédait-elle plus d’un manteau, dit-il en haussant les épaules, et sa mère est un peu perdue.

Ou peut-être Rindel a-t-elle emprunté un manteau. C’est un détail sans grande importance.

— Et la bague ? Est-ce que cela a pu se passer comme l’a dit Arausio : Zénon a voulu donner la bague à Rindel pour la consoler et, quand elle l’a refusée, il a décidé de la tuer ?

— Pas nécessairement, répliqua Davus. Zénon a dû lui offrir la bague il y a longtemps, quand ils sont devenus amants.

— Mais ses parents ne l’ont jamais vue.

— Elle ne leur a pas révélé le secret.

— Je vois. Et c’est pourquoi elle l’a enlevée sur le Rocher du sacrifice : elle voulait écraser Zénon de son mépris ?

— A moins que…, reprit Davus dont le front se rida. Voilà ce qui, à mon avis, s’est passé. C’est Zénon qui lui a arraché la bague du doigt contre son gré. C’est sans doute la raison pour laquelle il la poursuivait.

— Mais pourquoi ?

— Qui sait comment fonctionne l’esprit de cet homme ? Si la bague représentait une promesse faite à Rindel avant qu’il ne la repousse, alors tant que la bague était en la possession de la jeune fille, elle lui rappelait les mensonges et la trahison dont il était coupable. Peut-être a-t-elle menacé de défier Cydimache en la lui montrant.

— Donc, en lui enlevant la bague, non seulement il récupérait la preuve tangible de son engagement, mais il rompait avec le passé.

— Ensuite, poursuivit Davus, il a eu le cran de la pousser du haut du rocher et de ne jamais se retourner.

— L’homme que tu décris est un véritable monstre, Davus.

— Sans aucun doute.

Nous tournâmes à un coin de rue. J’étais tellement perdu dans mes pensées que je ne savais pas où nous étions, même quand une forte odeur de bois carbonisé me frappa les narines. Cette odeur se mêlait à celle, moins agréable, de cendres imprégnées d’eau de mer, et à une autre que je reconnus presque aussitôt : du sang répandu quelques heures auparavant. Nous étions devant les ruines de la maison du bouc émissaire.

Partout, des poutres brisées et carbonisées, des tuiles fendues, des mares d’eau noirâtre et des tas de cendres fumantes, mais aucune trace d’ameublement ni de décorations. Avant d’être incendiée, la maison avait été entièrement pillée. Çà et là apparaissaient des têtes fichées à la pointe de pieux ensanglantés. Je vis Davus remuer les lèvres et compter.

— Dix-huit, murmura-t-il.

Parmi les suppliciés, on comptait autant d’hommes que de femmes. Certains semblaient n’être que des enfants.

Les pillards avaient dû être décapités sur-le-champ, car, à nos pieds, s’étendaient de grandes flaques de sang. Sur les pavés, le sang séché était devenu violet et noir. Là où il avait coulé à flots, il semblait encore humide et rouge foncé. Ailleurs il s’était mélangé à des mares de suie qu’il teignait en rouge cramoisi.

Je détournai les yeux. J’étais prêt à retourner chez Apollonidès.

Soudain, on eût dit un coup de tonnerre, suivi d’un grondement assourdissant. La terre trembla. Dans les rues, les gens furent pétrifiés et se turent.

Ce n’était pas le tonnerre : le ciel était bleu, sans un nuage.

— Un tremblement de terre ? demanda Davus.

Je secouai la tête. Je me retournai pour regarder en direction de la porte principale de la cité et montrai du doigt un grand panache blanc qui tourbillonnait en prenant de la hauteur.

— De la fumée ? Un incendie ? demanda Davus.

— Ce n’est pas de la fumée. C’est de la poussière, un grand nuage de poussière. Provenant de décombres.

— De décombres ? Que s’est-il passé ?

— Allons voir, proposai-je.

Mais, guidé par mon intuition qui me faisait battre le cœur à coups redoublés, je savais exactement ce qui était arrivé.

Le rocher du sacrifice
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